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; L'histoire de Piriac
Sur Mer (44) ; Liste des
différentes publications .
"Dictionnaire de
Bretagne. Ogé"
B 910 page 272 II
Piriac
- Piriac; au bord de la mer; à 18 lieues à
l'Ouest-Nord-Ouest de Nantes, son évêché; à 23 lieues
de Rennes, et à 2 lieues de Guérande, sa subdélégation
et son ressort. On y compte 1000 communiants. La cure,
jadis présentée par l'abbé de Saint-Gildas-des-Bois,
est maintenant à l'ordinaire. Cette paroisse relève du
roi. Kerjurion, haute-justice, appartient à l'abbaye de
Saint-Sauveur de Redon; Campzillon, haute-justice, à M.
Jacquelot; Trévaly, moyenne-justice, à M. de Kermeno;
Treverent-en-Piriac, moyenne-justice, à M. Guilbert;
Pucelle, moyenne-justice, à M. le président de la
Biochais.
- L'an 112, le duc Connan III donna aux
moines de Redon les tailles que lui et ses prédécesseurs
ducs avaient droit de lever sur les habitants de Piriac,
pour récompenser ces moines qui avaient reçu chez eux
le duc Alain Fergent; son père, qui avait abdiqué la
couronne en faveur du dit Connan, son fils. Le port et
havre de Piriac furent unis au siège de Guérande, par
édit du roi Charles IX, donné à Troyes en Champagne,
le 29 mars 1564.
- François Baron, né à Piriac, arriva au
Croisic sur la fin de juin 1562, pour y occuper la place
de ministre des calvinistes. Il venait de Genève,où on
l'avait envoyé pour se faire instruire dans les
principes de la secte. En 1563, l'église de Piriac était
occupée par les calvinistes qui y avaient un pasteur ou
ministre.
- En 1590, quatre mille cinq cents Espagnols
débarquèrent au port de Saint-Nazaire, où ils reçurent
ordre de se rendre à Piriac pour y retenir sous
l'obeissance du duc de Mercoeur les habitants du lieu,
qui voulaient se soumettre à Henri IV (1). Ce territoire est fertile en grains. On y voit
un canton assez étendu planté en vignes, et de landes
dont le sol excellent mérite les soins du cultivateur,
qui ne s'empresse pas de les défricher.
- Piriac; commune fermée de l'ancienne
parroisse de ce nom; aujourd'hui succursale; chef-lieu de
perception. Limitée au Nord Mersquer; Est Guérande, Sud
et Ouest Océan. Principaux villages : Saint-Sébastien,
Kervin, Miliniac, Toulan, Kerdinio, Kerdrien, Lerat, Port-au-Loup.
Superficie totale 1155 hectares 78 ares, dont les
principales divisions sont; bois 1; vergers et jardin 16;
landes et incultes 105; superficie des propriétés bâties
7; constructions non imposables 26, consructions diverses
305; moulin 4. Piriac a jadis porté le nom de ville, est
un joli bourg avec un port. Les maisons y sont presque
toutes bâties en granite et couvertes en ardoises. Dominé
par un vieux château construit sur un colline élevée,
et dont la flêche a pour ainsi dire l'apparence d'un
clocher d'église, ce petit port ne peut guère recevoir
que les barques de vingt-cinq à quarante tonneaux. La côte
Ouest de Piriac, formée de couches alternatives de
licaschiste passant au stéaschiste et de granite, présente
un aspect des plus bizarre. La mer, qui bat
continuellement cette roche, en enlève les parties les
plus molles, et forme ainsi peu à peu de petites anses
entourées de déchiquetures aux formes étranges, et
dans lesquelles l'imagination découvre tout ce qu'il lui
plait de façonner. des grottes fréquentes formées
ainsi par la mer servent d'abri aux personnes qui
viennent en ce lieu prendre des bains.
- "Quelquefois des anses
apparaissent semblables à un cirque qu'on aurait
ouvert dans ces masses écartées tout-à-coup.
Les unes forment des îles près de la rive, les
autres se rejoignent confusément ensemble, s'élèvent,
s'abaissent tout-à-coup, et dans, une hauteur
verticale de trente-six pieds, sont entassées
comme des antiques décombres d'un édifice
gigantesque. Quelquefois les grottes que forment
ces rochers se prolongent sous la colline sans
qu'on puisse en découvrir le fond une de ces
cavités est celle de la Grotte-à-Madame : c'est
une ouverture spacieuse de trente pas de
profondeur sur douze de largeur, et de quinze
pieds d'élévation. Plusieurs grottes,
semblables à cette dernière, ne portent pas de
nom dans le pays, tant on y est habitué à ces
sortes de jeux de la nature. Toutes les
ouvertures sont comblées à marée haute; et la
vague s'y précipite en bouillonnant, entraînant
avec elle les goëmons et les sables du rivage.
Si des accidents si bizarres attirent l'attention
sur le penchant même du coteau, les grandes
masses de rochers qui s'étendent à ses pieds
n'offent par un coup d'oeil moins varié. Souvent
ces masses, aussi élevées que la colline, se
couvrent d'une légèrent couche d'humus, que
tapissent des graminées. Ces somments verdoyant
sont dispersés au milieu de l'écume des vagues
qui les entourent, et ce tapis si riant contraste
avec la couleur sombre de la mer. A l'une des
pointes de la côte, un de ces rochers porte le
nom de Tombeau d'Almonzor. c'est un bloc de
granite de cinq pieds de hauteur sur quatorze de
longueur. L'épaisseur, dans la partie supérieure
est de conq pieds; l'inférieure n'en a que deux
et demi. Creusé dans sa partie orientale. Sa
surface est profondément sillonnée de raies
longitudinales, qui découlent du sommet, sur
toutes les faces, en lignes droites ou légèrement
courbes. A l'origine de ces rigoles sont dix
espaces circulaires, d'environ trois pouces de
profondeur. Cette masse si bizarre occuppe la
partie la plus élevée d'une roche que la mer
recouvre à toutes les marées; mais elle n'est
jamais baignée entièrement. Les lichens qui s'y
sont implantés indiquent qu'elle est au-dessus
du niveau ordinaire des eaux. On ignore d'où lui
vient le nom de Tombeau d'Almanzor. On croit que
ce qu'on appelle ainsi est un monument druidique" (2).
- On regarde comme faisant partie de la
commune de Piriac une petite île dite l'Ile Dumet (voyez
ce mot), qui parait avoir été unie à la terre ferme,
et qui en est séparée par un bras de mer ayant tout au
plus 6000 mètres, mais qui est souvent agité et
dangereux à traverser.
- " Dans la partie la plus
élevée de l'île sont les restes circulaires
d'une citadelle nommée le Fort-de-Ré, qui a été
bombardée et détruite par les Anglais. Les
murailles, encore intactes à l'extérieure,
n'offrent d'autres jours que les meurtrières.
Cette espèce de tour à cinquante pieds environ
de diamètre, et les murs ont un pied et demi d'épaisseur.
Au-dessous, à l'Ouest, est un caveau qui servait
de poudrière. En 1803, cette île fut armée
pendant un an; mais depuis, le gouvernement l'a
abandonnée. Aujourd'hui c'est une propriété
particulière. Un bras d'eau de moins de deux
lieues, qui sépare l'île de la côte, a suffi
pour en changer entièrement le climat : une température
égale y favorise la végétation dans toutes les
saisons. Ce ne sont pas des sables fatiguants,
des joncs marins, si tristes et qui annoncent la
stérilité. C'est une prairie charmante, que
recouvre souvent le trèfle; et qu'émaillent de
toutes parts les marguerites, les violettes et
les renoncules. Pas un arbre, il est vrai; mais
aussi pas une bruyère, pas un roseau. A côté
du fort sont les restes d'un corps de garde; plus
loin on trouve une source d'eau potable, entourée
de murs. Elle est utile aux bestiaux qu'on met à
l'engrais sur cette îlot si fertile. En peu de
temps ces animaux acquièrent une force et une
vigueur étonnantes. Les chevaux surtout y
deviennent presque sauvages. Ces troupeaux, sans
gardien, n'en sont pas les seuls habitants : les
mouettes et les goëlants y séjournent en grand
nombre; c'est là même qu'ils déposent leurs
oeufs. Quand l'on passe près d'eux, ils volent
autour de vous, frappent l'air de cris aigus,
reviennent encore, et, rasant sans cesse le nid
qu'ils ne peuvent défendre, et qu'ils indiquent
par leur inquiétude, ils font entendre un
sifflement dont on ne peut se faire une idée que
quand on a parcouru ces côtes inhabitées". (3)
- Dans les rochers de la côte qui se
dirigent vers Guérande, mais notamment aux environs de
Penharang, on a retrouvé en 1813 de nombreux gisements
d'étain oxydé. Le même minerai se présente aussi bien
cristallisé dans les sables d'alluvions, ou amorphe dans
les sables que rejette la mer. On avait d'abord espéré
que cette localité pourrait fournir une quantité de
minerai suffisante pour être exploitée, mais on a du
renoncer à cet espoir; et maintenant l'étain de Piriac
n'est recherché que pour figurer dans les collections
minérologiques. Il y a foire à Piriac le 11 novembre.
On parle le français.
- (1) Il y a, à Piriac, beaucoup de monuments antiques
et curieux que j'aurais été charmé d'insister ici;
mais j'ai en vain supplié, à différentes fois,
quelques personnes de l'endroit de me faire passer les détails
concernant ces antiquités; elles ont constamment gardé
le silence, et n'ont pas fait attention à mes prières.
Je suis faché d'avoir été importun. Je respecterai désormais
leurs repos (note de la première édition).
- (2) La partie guillemétée est empruntée au voyage
dans la Loire-Inférieure par Ed. Richer.
- (3) Idem au (3).
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